mardi 27 mai 2008

5 - De la culture en Amerique- Frederic Martel- Gallimard

Superbe photographie de Pierre Kimm

"La boulangerie"

Un art a la Francaise!

 

Un livre toujours d'actualite, qu'il est interessant de lire et de relire.

Une reference pour la France et les Etats Unis.

De la culture en Amérique

Frederic Martel, Ancien conseiller culturel à Boston.


"Du fait de la dimension universelle que les Etats-Unis et la France ont respectivement donnée à leur Révolution, nombre de nos concitoyens sont convaincus que les premiers sont le pays de l’argent roi et la seconde la nation de la culture. La chose méritait donc examen.

Frédéric Martel a entrepris une grande enquête, sans précédent, sur la vie culturelle aux Etats-Unis. Il a rencontré des acteurs de la vie culturelle (cinéastes, galeristes, auteurs, théâtreux, danseurs, conservateurs, critiques, etc.) dans les villes qui nous paraissent des métropoles culturelles, mais également sur les campus, dans les États ruraux, ou les parcs de loisirs — forme avérée aussi de la vie culturelle de masse. Il a épluché les dispositions fiscales, rencontré les fonctionnaires des administrations, publiques et privées, de la culture, plongé dans les archives fédérales des grandes présidences (Kennedy, Johnson, Roosevelt, Reagan, etc.). Il en résulte un tableau riche en nuances et qui vient ébranler nos certitudes. Car les Etats-Unis n’ont pas de Ministère de la Culture, mais ils ont une politique culturelle. Pas de Ministère : le fédéralisme a toujours pesé pour que les États gardent l’initiative contre le gouvernement fédéral en matière culturelle, à l’exception de la mobilisation des artistes et acteurs par Roosevelt dans sa lutte contre le chômage à la fin des années trente. Il y a là une double crainte, historiquement : qu’une culture officielle s’instaure, qu’elle soit le reflet des élites urbaines aux dépens des curiosités du peuple. La culture américaine entend être celle, démocratique, de l’homme ordinaire, du citoyen sans qualité.

Il en résulte que la culture peut alors devenir « une nouvelle frontière », comme le voulait Kennedy, dans la lutte effective pour les droits civiques, contre les inégalités sociales et raciales. Qu’une agence fédérale fut créée dans les années soixante, le National Endowment, dont le législateur votait annuellement les subsides destinés à promouvoir une politique culturelle sans précédent en Occident, même si l’administration républicaine, dès Reagan, voulut lui rogner ses ailes. Le bilan ? Avec l’aide des États, une décentralisation de la vie culturelle où acteurs et créateurs vont à la rencontre des citoyens aux quatre coins du pays ; avec l’aide des fonds privés de la philanthropie et du mécénat, une politique réelle de diffusion culturelle de qualité, le secteur privé se chargeant de l’industrie de divertissement. Avec l’aide des campus et des universités, une création d’avant-garde qui, au fil des ans, s’instille dans tous les autres mondes constitutifs de la vie culturelle américaine.
Si le Ministère de la Culture est nulle part, la vie culturelle est partout".

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Extrait :

Etat contre société civile, argent public contre manne privée : en matière de culture, tout sépare a priori la France des Etats-Unis. Pourtant, budgets, équipements et pratiques culturelles se révèlent finalement assez proches des deux côtés de l'Atlantique. La cause est entendue. Sur le terrain culturel, il n'y a pas plus opposés que les modèles américain et français. D'un côté, le plus grand pays du monde fait de la culture un des produits privés à exporter partout sur la planète. De l'autre, la France mène une politique publique et affirme que « la culture n'est pas une marchandise » face à l'envahisseur américain. De la culture en Amérique (Gallimard), relance ce débat.

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